Site remarquable,
formé d'un modeste hameau blotti autour d'une
église médiévale ; le Mas de
l'église, qui semble isolé au cur de la
vallée du Lot, est devenu un lieu de refuge, puis le
centre de la commune de Caillac en développant, au
fil de l'Histoire, certaines fonctions
L'église
et les quelques bâtiments l'entourant, forment un
îlot, isolé dans la vallée du
Lot. L'emplacement de ces constructions s'explique par
un niveau du sol légèrement plus
élevé que le reste de la vallée,
mettant ce petit territoire à l'abri des
inondations de la rivière. D'ailleurs au
moyen-âge, lorsque l'évêque de
Cahors vendit certaines îles sur le Lot,
l'église de Caillac fit partie de la vente. Est-ce
à dire que l'église se trouvait sur une
île? Un bras mort de la rivière ou la zone
marécageuse de la prairie Del Rieu venait sans
doute l'isoler davantage. Les grandes inondations, comme
la
crue du 9 mars 1927,
peuvent transformer ce hameau en île au milieu des
flots. Les dangers, liés aux inondations, expliquent
qu'aucun bourg n'ait véritablement pu voir le
jour. Ce hameau
proche de la rivière et de son trafic commercial
était donc un lieu de refuge
idéal. A l'époque Gallo-romaine
une villa s'y établit. Au haut
moyen-âge, on y érigea
l'église et lors de la guerre de
Cent-Ans on fortifia cette église en
élevant autour une motte de terre, sans doute
protégée par une palissade. Une légende
caillacoise transmise par nos anciens, raconte que des
paysans poursuivis par des gens en armes se
refugièrent à l'église alors que leurs
poursuivants, lourdement armés, s'enlisèrent
dans les marais (à l'emplacement du lac
actuel). Chapiteau
attribué à l'époque gallo-romaine
trouvé lors de travaux, non loin de
l'église
L'implantation
de l'église et les activités
religieuses qui en découlent, firent de ce
lieu le centre de la communauté villageoise.
Le terrain à proximité de l'église
était autrefois, considéré comme
sacré et donc propice aux inhumations des
fidèles. Les nobles et les prêtres de la
paroisse avaient le privilège de pouvoir être
inhumés dans l'édifice. Le reste de la
population cherchait à se faire enterrer le plus
près possible des murs du bâtiment. Un
sarcophage du moyen-âge a été
découvert, lors des fouilles archéologiques,
à côté du portail nord (aujourd'hui
disparu) et de nombreuses tombes anciennes
s'alignaient contre le chevet de l'église. Les
sépultures finirent par former des
cimetières. Sous l'Ancien
régime, Caillac en comptait deux qui apparaissent
encore sur le cadastre napoléonien (1811). Le
premier se trouvait le long de la façade sud
de l'église, c'est-à-dire devant le porche et
le mur de la chapelle de la Vierge. Cet espace était
sans doute clos et un portail devait exister dans le
prolongement du mur ouest du porche. Ce cimetière fut
progressivement abandonné et officiellement
désaffecté en 1865.. Le second
cimetière, correspond à la partie sud du
cimetière actuel (là où se trouve
le vieux cyprès) : il s'arrêtait
au niveau de la tombe qui se trouvait au milieu de
l'allée centrale. A l'origine ce cimetière
semble avoir servi à inhumer les habitants de Douelle
(à partir de 1487 ceux qui vivaient sur l'autre rive
du Lot obtinrent du pape la création d'une
église et de leur propre cimetière ; seul
Cessac continua de faire partie de la paroisse de Caillac
jusqu'en 1894). Ce cimetière fut agrandi en 1902 pour
atteindre ses limites actuelles ; à cette occasion,
on construisit la remise à corbillard dans l'angle
nord-est.
Où
logeaient les prêtres sous l'Ancien
régime et jusqu'en 1822 ? Cela reste un
mystère. Toutefois une tradition orale de la famille
Vignes-Périé affirme qu'avant la
Révolution, leur maison était l'ancien
presbytère. Les archives municipales ne
mentionnent pas l'emplacement exact du bâtiment, mais
durant la Révolution, la municipalité en fit
la maison commune. Le presbytère
(actuelle mairie) a été construit en
1822, comme en témoigne la date inscrite dans
un angle du bâtiment. Il fut sans doute bâti
avec des pierres provenant de maisons voisines qui ont
disparu à la même époque. Le terrain sur
lequel on construisit ce presbytère fut acheté
par la commune de Caillac, à un nommé
Lamouroux, à la suite d'une
délibération du conseil municipal du 12 mai
1818. La terrasse et de nombreux aménagements ont
été effectués par le dernier
prêtre ayant habité les lieux : l'abbé
Ducos (curé de Caillac de 1882 à 1921), dont
les anciens témoignent qu'il avait des talents de
bâtisseur, n'hésitant pas à mettre la
main à l'ouvrage. A partir de 1921, le
Presbytère ne fut plus habité par des
prêtres. Le 27 octobre 1969, la municipalité
décida de " faire aménager l'immeuble de
l'ancien presbytère. Cet immeuble étant bien
plus grand, donnerait plus grande satisfaction pour
l'installation de la mairie ". Dans
l'ancien cimetière à l'abandon, la croix
de mission fut érigée en 1853
et voici ce que l'évêque de Cahors accorda aux
fidèles : " Jean-Jacques-David
Bardou, Par la Miséricorde Divine et la Grâce
du Saint Siège Apostolique, Evêque de Cahors.
Vu la supplique à nous adressée par M. le
curé de la paroisse de Caillac en notre
Diocèse. Voulant consacrer par un acte de
clémence la plantation d'une croix
commémorative de la mission donnée dans cette
paroisse en 1853. Nous avons accordé et accordons,
par ces présentes, à perpétuité,
quarante jours d'indulgence à tous les fidèles
de l'un et de l'autre sexe, qui réciteront
dévotement à genoux aux pieds de la croix
susmentionnée, un pater et un ave.
Donné à Cahors, en notre palais
épiscopal, sous notre seing, le sceau de nos armes,
et le contre-seing du Secrétaire
général de notre Evêché, le 24
juin 1853. "
L'activité
éducative s'est aussi
implantée prés de l'église. En
1848, la municipalité fit l'acquisition de la
maison d'Antoine Vernet pour y construire une " mairie
et une maison d'école " ; c'est dans ce
bâtiment que les garçons de la commune
allèrent à l'école. Il est à
noter que cette maison servait d'école depuis
septembre 1838, car la commune y était locataire de
deux pièces pour faire la classe et pour
réunir le conseil municipal. Quant aux filles,
elles allaient à l'école non loin de
là, dans une bâtisse édifiée en
face du portail du cimetière et que la commune acquit
dans les années 1850 ; ce bâtiment fut mis
à la disposition des surs de la
Miséricorde qui y assuraient les cours, puis se
furent des institutrices laïques qui prirent le
relais (le 24 novembre 1894 la commune décide de
reprendre le terrain formant le jardin des religieuses
depuis " un temps immémorial " afin de " l'affecter
au service de l'école publique des filles pour
l'établissement d'un jardin à l'usage de
l'institutrice laïque conformément au vu
de la loi "). Les religieuses allèrent
s'établir dans une construction nouvelle entre
l'église et le hameau de Lacroix, et ouvrirent
pendant quelques années une école libre pour
les filles. Ce bâtiment fut construit chez un
particulier (propriétaire du domaine des Places) dont
la famille en conserva la propriété longtemps
après le départ des Surs ; et lorsque ce
" couvent " fut vendu en 1966, la
moitié du prix de la vente fut offert à la
mairie pour réparer et aménager
l'église de Caillac. Garçons et filles
fréquentèrent ces établissements
jusqu'à l'entrée en fonction, en 1939, de
l'école érigée au centre
géographique de la commune. La mairie fut
transférée dans l'ancien presbytère au
début des années 1970 (à la même
époque, fut abattu l'orme de la place, qui
était sans doute, l'arbre de la liberté
planté lors de la Révolution).
la cale
(1) vue de la berge Une autre
activité s'est développée à
proximité de l'église : le
commerce. Rappelons
d'abord la proximité du Lot et de son trafic de
marchandises. Deux chemins permettaient d'accéder au
Lot. Le premier desservant directement la
cale, lieu d'accostage des gabarres, pour les
charger de diverses marchandises et essentiellement de
barriques de vin qui descendaient ensuite la rivière
pour être vendues sur le quai des Chartrons à
Bordeaux. L'autre chemin permettait d'aller à la
Moulinette pour faire transformer les
céréales en farines. Le Mas de l'église
était donc un lieu de passage obligé,
ce qui explique la présence de certains commerces :
Auberge chez Antoine Vignes à partir de 1857,
un Café par la suite dans une autre maison,
puis un Tabac au XXème
siècle. la cale
(2) vue du Lot Enfin le
dernier élément notable du mas de
l'église, est le monument aux morts
dont la construction fut décidée par la
municipalité le 20 novembre 1921 et dont
l'inauguration officielle date du 15 novembre 1925.
Ce Monument se compose d'une " statue en simili bronze de 2m
de hauteur " faite à partir d'un modèle de
M.Pourquet nommé " La résistance ", sur un
socle en granit du Sidobre. ). Historique de la
construction du monument aux morts de
Caillac Extrait du registre des
délibérations du conseil municipal de Caillac
annonçant la fin de la guerre 1914-1918. (4
août 1914 - 11 novembre 1918) " Le 11 novembre à
5 heures du matin, l'armistice a été
signé entre les plénipotentiaires allemands et
le maréchal Foch commandant les forces
alliées. Les hostilités ont pris fin à
11 heures. Le maire. Alfred
Lafage "
Ce maire qui eut la terrible
tâche d'annoncer à 19 reprises la mort d'un
soldat caillacois. N'oublions pas qu'au cours de la
première guerre mondiale les soldats vécurent
un véritable enfer sur le front, mais que les
populations civiles, elles-aussi, souffrirent
énormément. A 19 reprises, le destin d'une
famille caillacoise fut bouleversé par la mort d'un
fils, d'un mari ou d'un père. La
nécessité de ne pas oublier le sacrifice de
ces hommes a abouti à la construction de ce
monument.
Ce monument se compose d'une
statue de 2m de hauteur sur un socle en granit. La statue (même si
elle est dite " en simili bronze ") est en fonte, elle fut
éditée par la société anonyme
des fonderies et ateliers de construction du Val d'Osne (58
Boulevard Voltaire à Paris) et coulée dans son
usine de Haute Marne. Cette statue a été
réalisée à partir d'un modèle du
sculpteur Charles-Henri Pourquet (1917-1943). Modèle
nommé " La Résistance " et qui montre un poilu
avec le regard fixé sur l'horizon, surveillant
l'ennemi et près à défendre la patrie.
A Caillac, notre soldat de la Grande Guerre regarde vers les
champs de batailles du nord-est de la France. Le piédestal est en
granit du Sidobre, les pierres qui le composent, furent
taillées et sculptées dans un atelier de
Castres avant d'être expédiées par train
et réceptionnées en gare
d'Espère. Compte rendu de
l'inauguration du monument, extrait du registre des
délibérations du conseil municipal de
Caillac: " Commune de
Caillac L'an 1925 le 15 novembre
à deux heures du soir a été
inauguré officiellement en cette commune le monument
élevé à la mémoire des Enfants
de Caillac tombés au champ d'honneur, pendant la
grande-guerre 1914-1918 sous la présidence d'honneur
de M. Demonzie ministre des travaux publics et sous la
présidence effective de M. Bor secrétaire
général de M. le Préfet du Lot avec la
présence de M. Calmon député du Lot, M.
le docteur Rougier conseiller général du
canton de Luzech ainsi que la plupart des maires du canton
et des communes voisines accompagnés des
sociétés d'anciens combattants avec leurs
emblèmes. Le conseil municipal de
Caillac au complet était présent. A savoir M.
Brunet Edouard maire, M. Brugel Léon adjoint, MM.
Bessières Marcel, Dumas François, Capis
Célestin, Rigal Auguste, Girma Emile, Alibert Joseph,
Capis François, Couderc Germain, Singlande Elie,
conseillers municipaux. Plusieurs discours ont
été prononcés par les
personnalités ci-après : M. de Barde
président des combattants de
Caillac M. le docteur Rougier
conseiller général du canton de
Luzech M. Calmon
député du Lot M. Bor
secrétaire général de M. le
Préfet. "
Extrait
du cadastre de 1811
Le vieux
cyprès
Fenêtre
à croisée de l'ancien presbytère,veuve
de son meneau
ancien "couvent-école libre"
ancienne
école des garçons
ancienne
école des filles
la
moulinette
Pour fêter la victoire totale des alliés, les
cloches sonnant à toute volée ont
annoncée dans toutes les communes la grande nouvelle
aux populations. Les édifices ont été
pavoisés, il a été tiré des
salves d'artilleries nombreuses.
(15000 francs).
M. Brunet maire
de Caillac